"Il s'enfonça plus profondément dans son fauteuil et posa ses pieds sur le garde-feu. C'était le bonheur, c'était l'éternité." 1984 - Orwell

Publié dans : Romans XXI°

le 9/12/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/orsenna2.jpgEt si on dansait ?
Erik Orsenna
2009

Challenge ABC : 11/26

Quatrième de couverture
"Et maintenant ?
Je savais bien que jamais je n'en aurais fini avec la ponctuation. Aussi longtemps que je vivrais, et donc aussi longtemps que j'écrirais, je me battrais avec les signes, je m'acharnerais à bien placer les virgules. Et les points. Et les points-virgules. Sans oublier les tirets, les crochets, les chevrons auxquels je n'avais pas jusqu'ici prêté assez d'attention.
Mais une petite voix me parlait. Elle me venait de tout au fond, là, au milieu du ventre, entre coeur et nombril :
-Toi aussi, tu as une histoire, Jeanne, ton histoire secrète. L'heure est venue de la raconter."


Avis
C'est toujours un plaisir de se replonger dans l'archipel de Jeanne, et de suivre ses aventures avec la grammaire. J'adore cette allégorie des mots, je crois d'ailleurs que La grammaire est une chanson douce avait fait naître en moi une fascination pour la grammaire. Dans ce livre, j'ai beaucoup aimé la relation musique/ponctuation, Orsenna rend les mots vivants. J'ai eu le plaisir de retrouver la même édition que pour La révolte des accents, avec des illustrations qui correspondent parfaitement à l'atmosphère du livre (vous remarquerez que j'ai fait mes habillages à partir de ces deux couvertures d'ailleurs :B).
Je suis néanmoins déçue par deux choses : j'ai trouvé l'histoire courte, plus courte que pour les autres livres, y'a pas eu vraiment d'action.  Deuxio, Orsenna veut sûrement adapter son livre à un public jeune ; il explique bien touuutes les règles de ponctuation, c'est très didactique, bref ça m'a paru plus simplet si vous voyez ce que je veux dire.

En résumé : J'ai aimé retrouver l'univers de Jeanne, mais la magie des premiers tomes opère moins bien (trop vieille ?).


Extrait
"Comment dans ce climat de guerre deux petits, tout petits mots, parmis les plus brefs de la langue française, comment ont-ils eu le courage de venir dans ma tête et surtout d'y demeurer, malgré les violences dont ils faisaient l'objet ?
Hommage soit rendu à et ! Célébré soit si !
Et si ?
Et si je manquais trop à Amitav ?
Et s'il venait me voir en France ?
Et si, moi, j'économisais assez pour revenir en Inde ?
Et si...
Points de suspension."

Publié dans : Théâtre

le 7/12/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/combustiblesamelienothombL1.jpgLes combustibles
Amélie Nothomb
1994
 
Challenge ABC : 10/26

Quatrième de couverture

La ville est assiégée. Dans l'appartement du Professeur, où se sont réfugiés son assistant et Marina, l'étudiante, un seul combustible permet de lutter conte le froid : les livres...
Tout le monde a répondu une fois dans sa vie à la question : quel livre emporteriez-vous sur une île déserte ? Dans ce huis clos cerné par les bombes et les tirs des snipers, l'étincelante romancière du Sabotage amoureux pose à ses personnages une question autrement perverse : quel livre, quelle phrase de quel livre vaut qu'on lui sacrifie un instant, un seul instant de chaleur physique ?

Avis
Je suis mitigée sur ce livre. Comme la plupart des Nothomb, je l'ai lu d'une seule traite cette nuit, le style est toujours aussi bon, les répliques mordantes, les dialogues vifs. Mais je suis un peu déçue d'un autre côté, je m'attendais à ce qu'on parle de Molière, Rimbaud, Camus et de tous les grands de la littérature française. Je m'attendais à ce qu'on décortique leurs oeuvres, qu'on les compare, qu'on les critique. Au lieu de ça, on me présente des livres fictifs. Bien que ce travail soit beaucoup plus long, l'auteur aurait dû s'engager réellement en choisissant de vraies oeuvres. Il y a matière à réfléchir avec ce sujet, la pièce aurait pu être plus longue, ou au moins éviter le passage entre Marina et le professeur. La guerre leur fait perdre tout sens moral, et c'est compréhensible, mais de là à en arriver à ça... mouais non.

En résumé : Plutôt déçue par cette pièce, par les personnages et la manière dont a été traité le sujet : dommage que de vraies oeuvres n'aient pas été prises en exemple.


Extraits
* "Car je ne laisserai à personne d'autre qu'à moi le privilège de foutre le feu à cet emmerdeur !"

* "C'est si confortable de continuer à salir la réputation d'un livre. Aucun risque que le bouquin se venge : c'est ça qui est bien avec la littérature."

 
o°O°o
A moi de vous poser ces deux questions :
Quel livre emporteriez-vous sur une île déserte ?
En état de siège, quel bouquin jetteriez vous en premier au feu
(autrement dit quel est le pire livre que vous ayez lu) ?
 

Publié dans : Romans XIX°

le 6/12/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/doriangray.jpgLe Portrait de Dorian Gray
(The Picture of Dorian Gray)
Oscar Wilde
1890

Quatrième de couverture :
"Si je demeurais toujours jeune et que le portrait vieillisse à ma place ! Je donnerais tout, tout pour qu'il en soit ainsi. [...] Je donnerais mon âme !"

Avis :
Avant le roman lui même, la courte préface nous fait découvrir le thème principal : qu'est-ce que l'oeuvre d'art ? Ensuite, premier chapitre. J'étais déjà captivée par l'innocence et la beauté de Dorian Gray, et le peintre Basil Hallward. Tout semblait être dans l'équilibre le plus parfait. Et là arrive l'ami du peintre, Lord Henry, qui pervertit complètement l'âme de Dorian avec ses discours immoraux. Je hais ce genre de personnes qui pensent avoir tout compris de la vie et étalent leur influence sur tout le monde. Je déteste ce type de personnes qui ne jurent que par la beauté et les plaisirs. Bien sûr j'en ai voulu tout le long de l'histoire à Lord Henry. La violence des sentiments de Dorian Gray, dissimulés sous son masque de beauté éternelle, rend le roman encore plus fort. Le fait de savoir qu'un tel visage puisse commettre le pire des crimes, voilà un paradoxe excellent. Lorsque Hallward peint sa plus belle oeuvre de Gray, celui-ci y met son âme pour garder sa jeunesse. J'ai surtout admiré la fin, ou il y a une confusion entre Dorian Gray et son portrait. En fait, c'était lui l'oeuvre d'art, et non le tableau.

Néanmoins mon enthousiasme pour ce livre est modéré. J'en avais entendu tellement de bien que j'ai placé mes attentes trop hautes. Je pense que ce livre aurait pu plus me plaire si je l'avais découvert complètement par hasard.

En résumé : J'ai adoré le sujet de ce livre sur l'oeuvre d'art, la beauté éternelle, ainsi que le personnage de Dorian Gray.
 

Extraits :
* "Il n'y a pas de livres moraux ou immoraux. Un livre est bien ou mal écrit. C'est tout."

* "L'éclosion de la fleur la plus humble a exigé un monde de travaux".

* "On éprouve une certaine volupté à s'accuser soi-même. En nous blâmant nous même nous pensons nous réserver le droit exclusif de le faire. C'est la confession, et non le prêtre, qui nous donne l'absolution."

* "Mon cher, vous oubliez que nous vivons au pays de l'hypocrisie."

* "Le désir féroce de vivre, le plus terrible de tous les appétits humains, animait toutes les fibres de son être surexcité."

* "Il n'y avait que la laideur de vrai."

Publié dans : Contes/Nouvelles

le 22/11/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/eco.gifComment voyager avec un saumon
(Il secondo diario minimo)
Umberto Eco
1992 (1997 en France)

Challenge ABC : 8/26

Quatrième de couverture
Humoriste, polémiste, railleur, Umberto Eco nous raconte ici en toute liberté sa vie, mode d'emploi : il pourfend avec jubilation l'absurde qui nous gâche l'existence, les objets qui nous résistent, les gadgets qui nous asservissent ou l'administration qui nous englue. Avec lui, le quotidien, dans ce qu'il a de plus ordinaire, prend des allures de fantasmagorie. Déjeuner en avion vire à la tragi-comédie et voyager avec un saumon devient une épopée burlesque.

Avis
Eco s'imagine dans des situations assez étranges, comme dans Voyager avec un saumon, fait des remarques justes sur notre société comme dans Présenter un catalogue d'art, et rit des faits médiatiques comme dans Parler des animaux. J'ai trouvé ce recueil original et très plaisant à lire, j'ai bien aimé ce concept de "mode d'emploi" qui sert à dénoncer les absurdités de la vie et en plus m'a bien fait rire. Mes préférés ? Comment répondre à la question "comment ça va?" et Comment mettre des points de suspension.

En résumé : J'ai adoré ce concept de "modes d'emploi" ainsi que la manière dont Eco nous parle de sujets d'actualité.


Extraits
* "Être ou... ne pas être, telle est la question", "Être ou ne pas être, telle est... la question", "Être ou ne pas... être, telle est la question". Vous imaginez combien la critique shakespearienne aurait dû se creuser la cervelle sur les intentions cachées du Barde. (Comment mettre des points de suspention)

* "Les petits poids, on le sait, sont des objets insaisissables."

* "Croyez-moi, payer en dollar caïman, ça vous fait l'effet d'être à disneyland."

* "Jouant entre structuralisme et mai 68, on pouvait dire que, selon la théorie de la contradiction de Mao -laquelle introduit la triade hégélienne dans les principes binaires du Yin et du Yang."

* Rire du débile est devenu "politically correct".

* "Il (l'ordinateur) explique pas à pas au fidèle la marche à suivre pour atteindre, si non le royaume des cieux, du moins l'instant final de l'impression du document."

Publié dans : Biographie/Témoignage

le 5/11/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/sicestunhomme.gif Si c'est un homme
(Se questo è un uomo)
Primo Levi
1947

Challenge ABC : 7/26

Quatrième de couverture
"On est volontiers persuadé d'avoir lu beaucoup de choses à propos de l'holocauste, on est convaincu d'en savoir au moins autant. Et, convenons-en avec une une sincérité égale au sentiment de honte, quelquefois, devant l'accumulation, on a envie de crier grâce.
C'est que l'on n'a pas encore entendu Levi analyser la nature complexe de l'état du malheur. Peu l'ont prouvé aussi bien que Levi, qui a l'air de nous rentenir par les basques au bord du menaçant oubli : si la littérature n'est pas écrite pour rappeler les morts aux vivants, elle n'est que futilité." Angelo Rinaldi

Avis
Quand je l'ai fini hier soir, impossible de m'endormir. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser à ce livre. La fin m'a secouée. Je ne saurai dire ce que je ressentais exactement. Ca me serrait la gorge, je ne pouvais plus parler. Ca m'obsédait. Et je me disais "si j'arrête d'y penser, si j'essaye de ne plus y penser, ce serrait souiller tous ces hommes".

Que peut-on dire de l'horreur décrite, de ce qu'il a vécu ? Les SS les avaient réduits à du bétail, mais ils luttaient encore contre la mort. Et puis tout ce cadre glauque à la fin, de froid, de maladie, de saleté, d'insécurité, d'incertitude quant à l'arrivée du front, ou bien celle de la mort. Jusqu'au dernier moment les nazis et leurs listes. "Ne pas chercher à comprendre". Comment survivre dans un univers aux règles absurdes, illogiques et contradictoires ? "Ne pas chercher à comprendre"... Tout le long du livre, on vit dans l'horreur "routinière" de Primo Levi, on s'y habitue presque. La fin casse ce rythme, il essaye tant bien que mal de survivre dans le froid et la maladie... j'sais pas... y'a pas de mot.

En résumé : Un récit qui m'a bouleversée, surtout à la fin. Pour comprendre l'horreur des camps de concentration, c'est un devoir de lire ce témoignage.


Extraits
* "Malheur à celui qui rêve : le réveil est la pire des souffrances."

* "J'ai l'impression de dormir sur une voix de chemin de fer."

* "Cet interminable enchevêtrement de fer, de ciment, de boue et de fumée est la négation même de la beauté."

* "Mais Lorenzo était un homme : son humanité était pure et intacte, il n'appartenait pas à ce monde de négation. C'est à Lorenzo que je dois de n'avoir pas oublié que moi aussi j'étais un homme."

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